Lancement du dispositif "Interlignes"

Expérimentation

Ile-de-France

Innovation

Publié le 19/12/2017

Entretien avec Elise Leleu, assistante sociale à Toit et Joie - Poste Habitat

 

Lancé par Toit et Joie en mai 2017, en partenariat avec l’association Aurore, le dispositif « Interlignes » prévoit d’aller au-devant des locataires en difficulté avec la langue française (illettrisme, analphabétisme…) en vue de leur apporter une aide.

Pouvez-vous nous raconter la genèse de ce projet ?

Le projet est né du constat du nombre de non-réponses de locataires à des enquêtes, qui pouvaient entraîner des pénalités ou encore une suppression d’APL. Grâce aux remontées d’informations des différents services et notamment des gardiens, nous avons constaté que certains locataires passaient à côté de droits fondamentaux car ils ne maîtrisaient pas, ou pas assez bien, la langue (le français pour des ménages d’origine étrangère, mais aussi la langue écrite pour d’autres qu’ils soient français ou étrangers).

Pouvons-nous parler d’illettrisme pour toutes ces personnes ?

Je parlerais plutôt de personnes concernées par des problèmes linguistiques. Il convient en effet de distinguer illettrisme et analphabétisme. L’analphabétisme désigne l’état d’une personne dans l’incapacité ou en difficultés pour lire, écrire et compter, le plus souvent par manque d’apprentissage. L’illettrisme désigne quant à lui l’état d’une personne qui a été instruite (par une scolarisation ou autre) mais qui n’a pas acquis la maîtrise de la lecture, de l’écriture et du calcul, ou qui a perdu cette maîtrise avec le temps. L’illettrisme est une donc forme particulière de l’analphabétisme.

Que prévoit le projet "Interlignes" ?

Ce dispositif expérimental a été lancé en mai 2017, et pour 2 ans. Il vise à accompagner une trentaine de ménages de façon à pouvoir faire un premier bilan en fin d’année. Menée en partenariat avec l’association Aurore et financée par la CGLLS, cette expérimentation s’est progressivement étendue, depuis son lancement, à toutes nos résidences de Seine-Saint-Denis et du 18ème arrondissement de Paris.

Il est intéressant de vouloir apporter une aide à ces personnes, mais est-il facile de les identifier ?

Non, cela est souvent très difficile. Il faut bien comprendre qu’une personne qui souffre d’un problème de ce type développe toute une série de techniques pour gérer au mieux le quotidien et passer inaperçue.

Comment aborder un tel sujet avec le locataire ?

Ce n’est pas toujours évident. Il s’agit de convaincre la personne d’accepter de retourner en formation. La clé est de se baser sur les capacités de la personne, de capitaliser sur son savoir et ses compétences afin de la valoriser et de l’amener à admettre qu’elle peut s’améliorer, et surtout qu’il n’y a aucune gêne à avoir.

Pouvez-vous expliquer le travail réalisé par la formatrice de l’association Aurore qui intervient sur nos résidences ?

Son rôle est tout d’abord de favoriser la prise de contact avec des personnes qui pourraient être aidées. Une fois le contact noué, elle va ensuite faire un bilan des acquis de la personne, déterminer ses besoins et construire un plan de formation. Il est prévu que l’accompagnement n’excède pas 3 mois, et qu’il donne rapidement lieu à une orientation et une prise en charge par les services de droits communs ou associatifs.

 

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